Cette année, la Présidente de la Commission des médias aux Seychelles, Dr Marie-Reine Hoareau, dans son message à l’ occasion de la journée de la liberté de la presse, invite les professionnels des médias à bien utiliser la technologie numérique. Elle leur rappelle aussi leur responsabilité envers le développement et la promotion de nos langues nationales.
 
La déclaration de Windhoek en Namibie célèbre cette année son 31 ème anniversaire. Cet anniversaire marque le rassemblement des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs du continent africain pour faire un plaidoyer pour la liberté de la presse et pour le développement d’une presse africaine libre, indépendante et pluraliste. L’objectif de cette déclaration historique qui prônait la libre circulation de l’information, un bien public, est toujours valable aujourd’hui.
Instaurée par l'Assemblée Générale des Nations Unies en décembre 1993, la journée mondiale de la liberté de la presse vient rappeler qu’il faut protéger les droits fondamentaux de la liberté d’expression et la liberté de la presse tels qu’ils sont proclamés à l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
 
Cette année, pour cette journée dédiée à la liberté de la presse, le thème « Le journalisme sous l'emprise du numérique » souligne la valeur des technologies numériques dans le paysage médiatique. Grâce à elles, comme la Directrice Générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, souligne dans son message, ces technologies « ont permis des échanges d’information sans précédent, favorisant ainsi un journalisme sans frontières. Désormais, nous pouvons voir, à tout moment, ce qui se passe aux quatre coins du monde »
Toutefois l’ère numérique comporte des risques et des défis. Les réseaux sociaux malheureusement contribuent à la circulation de fausses nouvelles, aux discours de haine et pire encore au harcèlement qui vise à démolir les uns les autres. Nous savons à quel point les réseaux sociaux constituent un danger pour les libertés publiques.
 
En effet, cette liberté de la presse ne trouve pas toujours sa juste place car elle doit encore subir des pressions politique, idéologique ou économique manifestées par les attaques visant à diffamer et à décrédibiliser les journalistes avec l’intention de les de condamner au silence.
 
Pour protéger la liberté d’expression, nous devons agir ensemble pour que le journalisme fasse un bon usage de la technologie afin d’exposer aux citoyens des faits et de les amener à se forger une opinion. Aux Seychelles comme partout ailleurs, nous avons besoin d’un journalisme, critique, original, responsable et bien documenté.
 
Cette année, pour la journée mondiale de la liberté de la presse je voudrais faire une réflexion sur comment les médias influencent nos langues nationales. Il faut se rappeler comme le constate en 2016, Olivier Schrameck, ancien Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) de France « qu’on répète ce qu’on entend à la radio ce qu’on entend et voit à la télévision » et j’ajouterai ce qu’on voit dans la presse écrite
D’une part, les médias constituent un excellent outil pour l’apprentissage et l’enrichissement des langues notamment en vocabulaire et d'idiomes. D’autre part, ils peuvent aussi nuire à une bonne acquisition des langues par le public.
 
En effet nos journalistes ont une grande part de responsabilités dans l’évolution des langues puisque les média écrits et oraux (télé et radio et aussi la presse écrite (journaux, magazines..) produisent beaucoup de matière langagière.
 
Nous reprochons très souvent aux journalistes, surtout à la télévision nationale, leur abus d’anglicismes surtout en créole bien qu’un bon nombre de mots anglais soient bien créolisés et qu’ils sonnent bien. Le même phénomène s’applique pour les nouveaux mots français qui ne rencontrent aucun problème de prononciation en créole. Par contre ce qui est plus grave sont des fautes de construction de phrases ou encore la mauvaise prononciation qui écorche les oreilles surtout lors de la présentation des bulletins d’informations en français et en anglais. Nous retrouvons également avec regret des erreurs d’orthographe dans certaines publicités ou messages destinés au public. Ces erreurs risquent non seulement de pousser le public à utiliser des termes erronés mais aussi à appauvrir leurs compétences en langues en imitant le mauvais modèle linguistique entendu ou vu dans les médias.
 
Le public seychellois en général est très exigeant et moins indulgent envers les journalistes car il s’attend à ce qu’ils soient dotés d’excellentes compétences et connaissances en anglais, français et créole et qu’ils soient de parfaits trilingues. A mon avis, il est très difficile (et certains diraient même impossible) de trouver des journalistes qui possèdent une excellente maîtrise de nos trois langues. Toutefois, je dois reconnaître que nos journalistes fournissent un bon travail en tant que professionnels. Cependant, ils ne doivent pas perdre de vue leur rôle dans le développement des langues. Ils doivent donc redoubler leurs efforts pour améliorer leurs compétences linguistiques afin de communiquer des idées, des informations et des connaissances dans un langage clair et correct.

Au nom de la Commission seychelloise des médias, en cette journée mondiale de la liberté de la presse, je remercie tous les professionnels des médias pour leur engagement vers une presse libre et responsable. Je les invite à utiliser les technologies numériques de manière positive et de continuer leur travail de recherche de la vérité et de l'information pour permettre à tous les hommes et femmes seychellois de bénéficier de la libre circulation des idées.